SYLVAIN a écrit :
Mon témoignage: Un transporteur du 45 livre d'ores et déjà dans Paris intra-muros avec un camion tout électrique, je le croise chaque semaine: Transports Deret à Orléans.
Et le camion poubelle entièrement automatisé qui passe chez moi le matin est électrique aussi...
Y songions-nous ne serait-ce qu'il y a 10 ans ? Assurément non...
Mais on est bien d'accord, un bon vieux V72 auvergnat à essence, c'est LE PIED !!!!
Mais Sylvain, c'est justement ce qui me fait relativiser la "révolution" electrique. C'est que l'on y pense depuis 150 ans :
En matiére d'innovation, on a quand même vu mieux. D'ailleurs, à ce propos, je m'en vais te raconter une histoire. Accroche-toi au clavier, je met les gaz.
On se pose souvent la question du pourquoi on arrive pas à innover en France, ou du moins, a en recolter le fruit, alors qu'on a de trés bons ingénieurs. Je n'ai pas la réponse, mais j'ai un exemple qui peut nourrir notre reflexion.
L'histoire des technologies ne semble intéresser personne. On vit dans une société technologique et mystérieusement, lorsque l'on parle de culture, on y exclue généralement l'histoire des techniques. Hors ne peut pas innover si on ne connait pas son histoire et qu'on en retient pas les leçons.
Je suis sur que vous pensez tous que l'Internet a été inventé aux USA. Ce n'est pas faux, mais ce n'est pas tout fait vrai. En fait, un des principes techniques fondamentaux a été inventé en France par une équipe de chercheurs dirigé par Louis Pouzin. Cela s'appellait le réseau Cyclade. Ce principe repose sur l'échange de datagramme, une petite unité d'informations, indépendante en quelque sorte, pouvant passer d'une machine à une autre par plusieurs chemins différent. Hors, "on" a decidé en haut lieu que ce principe n'avait pas d'avenir et "on" a préféré une autre approche : le circuit virtuel car cette technique n'était pas en rupture avec la technique du téléphone et du coup, plaisait à l'administration des P&T de l'époque. Le resultat a vu l'abandon des recherches de Louis Pouzin, la reprise du concept de datagrammes par les américains, en particulier un brillant ingénieur, Vinton Cerf, connu pour être le pére de TCP/IP, le coeur du réseau Internet actuel.
Cette decision nous a valu une innovation immédiate et un succés technologique indéniable (je ne plaisante pas) : le minitel. Mais voila, on a arrêté le réseau Transpac cette année et définitivement éteint l'écran de nos minitels, remplacé par les smartphones et autres tablettes, reliées à l'Internet de Vint Cerf.
Quand à Vinton Cerf, il est actuellement vice president de Google. Et Google est en train d'imaginer l'avenir de l'automobile en remplaçant le conducteur par un ordinateur connecté. Ces gens ont compris que l'innovation, la véritable innovation, se trouve forcément en rupture avec un modéle existant. Et que par principe, on ne la voit pas venir, on l'invente, on la découvre en la créant. Qui prédisait un avenir avec des téléphones portables il y a ne serait-ce qu'une trentaine d'années ?. Autant dire que parler d'innovation en ressortant un concept vieux de 150 ans, ça peut laisser dubitatif.
Lorsque que l'on me parle d'innovation et de propulsion electrique je ne voir qu'une tentative pour prolonger un modéle qui commence à s'éssoufler, celui de l'automobile personnelle et individuelle. Mais avec la voiture autonome, ce n'est pas le cas. Ils vont tenter d'introduire une rupture dans ce modéle. Je dis bien tenter, car un innovateur n'a aucune certitude. C'est toujours une prise de risque sur l'avenir.
Mais l'idée semble prometeuse : on a besoin de se déplacer, on pourra appeller via son smartphone une voiture autonome appartenant au réseau de l'opérateur auquel on est abonné pour qu'elle passe nous prendre et nous amener au boulot, chercher les enfants, faire les courses. Et tout ça sans que l'on ai à se soucier de quoi que soit, sinon payer l'abonnement à la fin du mois. Le réseau d'automobile étant piloté informatiquement, il peut être optimisé facilement, les problèmes de congestion plus facilement solvables. La voiture devient le datagramme. La fin du transport en commun et de la voiture individuelle et son remplacement progressif par un nouveau concept : la gestion commune et automatisée du transport individuel. Même si pour ceux qui ne supporterait pas l'idée de partager leur "autonomobile" avec le reste du monde, ils pourront tout à fait en acheter une et prendre uniquement l'abonnement au réseau qui la pilotera et assurera l'entretien.
C'est de la SF mais c'est tout simplement bluffant, carrément génial et
plus à porter de la main qu'on ne le pense.Plus besoin de permis de conduire. On pourra prendre une voiture autonome en sortant du bistrot ou de boîte de nuit comme on prend un taxi, mais sans la contrainte de la rareté et à un coût nettement plus bas. Les personnes agées ne seront pas exclues de l'automobile comme cela leur pend au nez. Plus de sécurité, moins de bouchons. Fini le casse tête de l'entretien ou du stationnement. Fini la prise de tête pour acheter et vendre la bagnole. Dans ce contexte, le problème de la recharge des batteries des modèles électriques n'en ai plus un, c'est juste une contrainte de gestion à mettre en place par l'opérateur du réseau qui s'occupera de tout. Ce sera son problème. C'est peut-être là d'ailleurs que se trouvera le hic. L'opérateur qui s'occupera de tout, y compris du tarif. On sait ce que ça peut donner.
Si cette innovation vient d'acteur comme Google, c'est qu'ils ont déjà fait le plus gros du boulot. Numériser l'ensemble du réseau routier et mettre au point les algorithmes qui serviront au pilotage des auto et à la gestion du réseau.
Certes, ça ne me plaît pas forcément. Cet avenir, personnellement, ne me fait pas réver plus que ça. Mais j'essaye de rester lucide. Pour la majorité de mes concitoyens, l'automobile est un moyen de déplacement. Elle sert d'aller d'un point A a un point B. Cette opération est actuellement vécu par la majorité d'entre eux comme quelque chose de profondément pénible. Elle consiste à plus ou moins tenter suivre les indications que leur donne un l'écran d'un GPS tout en se concentrant sur la route pour éviter les autres et les radars automatiques, tout ça dans d'interminable bouchons et sans même avoir le droit de téléphoner pour prévenir de son retard. Le seul moyen de communiquer avec le reste du monde et d'exprimer sa frustration étant ce maudit klaxon. Ce n'est pas pour rien que l'on constate une telle montée de l'agressivité au volant.
En quelque sorte, pour l'automobiliste moderne, la vie s'arrête au moment où il prend le volant et recommence quand il le lâche, l'intervalle entre les deux étant vécu plus ou moins comme une perte de temps.
Mais pour le motard, c'est une autre histoire. C'est même le contaire. Pour lui, la vie commence quand il démarre sa machine et s'élance sur la route. Une route qu'il s'ingénue à rendre longue et sineuse au possible pour faire durer et rendre son expérience motocycliste plus intense. Cette histoire, je ne vais pas te faire l'affront de te la raconter, c'est toi et tout le VCF (entres autres) qui me l'avait apprise. Si l'avenir de la voiture est au robot, l'avenir de la moto semble plus du coté du cyborg, dans l'union de l'homme et de la machine. Le cerveau directement connecté au systéme nerveux de la moto, sentir la route sous ses pneus comme si s'était la plante de ses pieds et le moteur comme une extension de ses propres muscles. Si la voiture sert à se déplacer, la moto c'est bien plus que ça, et c'est bien là le problème.
Bon ok, je vais prendre mes pillules, n'insiste pas, j'ai compris. Mais en tout cas, à mon avis, ce n'est surement pas du coté de la bagnole et du futur du transport urbain et peri-urbain qu'on trouvera notre futur motard, si il y en a un, ça j'en suis pratiquement sur.
PS : Si l'histoire de l'internet et de Louis Pouzin t'intéresse, je te conseille cette interview :
http://fr.itweb.tv/Louis-Pouzin-Cyclade ... _v554.html
Et la page wikipédia qui lui est consacrée :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Pouzin