Le tatoué63 a écrit :
Merci a toi, ces quelques anecdotes m'ont fait chaud au coeur, mais me piquent un peu les yeux....
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Allez, pour une dernière larme
Au petit matin, j'avais quitté Damas, ville ô combien attachante qui m'avait retenu plus longtemps que prévu. Sur la route, j'ai eu un doute à une bifurcation. Le routier me fit signe et me renseigna sur mon chemin, puis m'invita à boire le thé.
Il ouvrit un petit coffre, positionné sur le côté de son camion. A l'intérieur, il y avait le réchaud, la théière et il entreprit de me préparer le breuvage.
Il ne parlait pas anglais et mon arabe était plus que limité mais, durant cette demi-heure, je me sentis bien en sa compagnie.
Et je le quittai le coeur léger.
Quelques jours plus tard, je longeai les rives de l'Euphrate. Je me souviens d'une luminosité magnifique, de beaux yeux des bédouines entassées à l'arrière des pick-up.
Je ne sais pas s'ils m'ont fait signe de m'arrêter ou si cela m'est apparu évident,mais je fis une halte près de ces camions syriens. Ils étaient en partance pour l'Irak proche et transportait ....du pain. Soudain, la réalité du pays voisin me sautait aux yeux. Obligé d'importer du pain!
C'est dans ces moments là que je prends conscience de la chance que j'ai d'être né dans un pays comme la France, sans guerre, avec de la liberté et les moyens d'aller et venir sur les routes du monde au guidon de mes motos respectives.
En Iran, j'ai rencontré pas mal de jeunes et beaucoup n'avaient qu'une envie: quitter leur pays car il leur était insupportable d'y vivre, muselés qu'ils étaient au quotidien.
En Libye, un jeune m'a dit : "Ici, il n'y a rien à faire, à part manger, dormir et mourir".
Et moi, avec mon passeport et ses multiples visas, je pouvais aller, librement.
J'ai eu, un jour, un moment d'incertitude sur la signification de mon voyage après la douloureuse rencontre avec un Algérien qui m'avait décrit, avec pudeur, les horreurs dans son pays au cours des années 90.
Mais l'appel de la route fut toujours le plus fort et j'ai toujours constaté que, derrière certains pays au régime autoritaire, il y avait des hommes et des femmes admirables qui m'ont donné, au cours de mes trente années de voyage, des leçons d'hospitalité, de gentillesse et de désintéressement.
Merci à ces centaines de personnes rencontrées qui m'ont souvent donné des leçons de vie.
