Je suis tombé la-dessus en faisant des recherche sur l'histoire du vélo, c'est fou. On l'impression d'assiter à la naissance de la moto :
Traité pratique et manuel de poche du cycliste, par Henri de Graffigny, 1890https://bit.ly/2ZoWyDc (dernier chapitre).
Code:
Jusqu'ici on n'avait guère inventé, pour rempla-
cer les jarrets dans la locomotion vélocipédique,
que deux moteurs : le moteur à vapeur, qui exige
de celui qui l'utilise des connaissances mécaniques
étendues, voire un brevet de mécanicien, et qui, en
tout cas, ne manque jamais de le transformer au
bout de quelques kilomètres en un noir charbon-
nier; et le moteur électrique à accumulateurs, le
meilleur expédient encore imaginé pour rester en
panne à plusieurs lieues de toute gare de chemin
de fer ! — Un troisième facteur entre en ligue au-
jourd'hui, le moteur à pétrole.
Le moteur à pétrole est de longue date employé,
soit à poste fixe, soit à la navigation de plaisance.
Son principe essentiel est simple : le pétrole, trans-
formé en vapeur, arrive au contact d'un brûleur qui
détermine une explosion ; l'explosion chasse le pis-
ton qui actionne le volant. Et c'est ainsi, par une
suite de petites explosions, que la marche se produit.
— Un des meilleurs systèmes de moteurs à pétrole,
le système Daimler, fabriqué par la maison Panhard
et Levassor, vient par l'intelligent ingénieur véloci-
pédique de MM. Peugeot frères, M. Rigoulot, d'être
appliqué au cyclisme — et peut-être bien voilà-t-il
un commencement de petite révolution dans le
monde des pédales !
Nous avons expérimenté le nouvel appareil (un
quadricycle composé de tubes d'acier étiré sans
soudure et de roues d'acier caoutchoutées), après
de longues épreuves sur route qui ne lui avaient pas
fait subir la moindre avarie, même dans les détails.
Partie de Valentigney (Doubs), et venue à Paris,
ayant fourni donc près de 900 kilomètres, la machine
était aussitôt repartie pour Brest, effectuant le par-
cours en trente-neuf heures ; elle en était revenue
en quarante-et-une heures et s'était adjugé encore
200 kilomètres de petites promenades ici et là !
Ces diverses expériences avaient démontré que,
tous les quarante kilomètres seulement, il était né-
cessaire de descendre de machine pour renouveler
le pétrole épuisé dans le carburateur et l'eau éva-
porée dans les tubes où elle circule pour le refroi-
dissement des détonateurs. La vitesse moyenne
avait toujours été constante entre 14 kilomètres 500
et 15 kilomètres 700 à l'heure ; de plus, la machine
avait emporté de quoi s'alimenter — ses provisions
de bouche à feu — pendant 300 kilomètres ! Si
j'ajoute que la dépense n'a jamais dépassé cinq cen-
times par kilomètre sur routes ordinaires, que
l'appareil complet, chargé de tous ses bagages,
n'excède pas le poids de 600 kilogr., qu'un tablier de
cuir protège contre la poussière tous les organes du
mécanisme et que les voyageurs eux-mêmes, au
nombre de quatre, peuvent se protéger aisément
de la pluie et du soleil, vous reconnaîtrez avec moi
que voici bien à peu près le véhicule modèle !
Aux amateurs de technicité, nous dirons que le
bâti de la voiture porte: le moteur, le mécanisme
et lé siège, et qu'il est suspendu sur des ressorts
adhérant au train lui-même ; que les roues tournent
sur deux engrenages de chaînes gui reçoivent leurs
mouvements de deux roues correspondantes calées
sur un arbre de transmission muni d'un mouve-
ment différentiel comme dans les tricycles ordi-
naires ; que les explosions sont produites par deux
brûleurs à doigts de platine ; que la vitesse inva-
riable de l'arbre moteur est d'environ 550 tours à la
minute et que sa force, invariable également, de
deux chevaux-vapeur, donne un déplacement de
20 kilomètres à l'heure : trois autres vitesses, de
15 kilomètres 800, de 10 kilomètres 500, et de
5 kilomètres 300, s'obtiennent aisément au moyen
d'un système d'embrayage et de débrayage bien
étudié ; et qu'enfin un frein puissant empêche la
possibilité du moindre accident.
Et qu'y a-t-il à reprendre à tout ceci? Peut-être et
c'est là le reproche essentiel, que le liquide con-
sommé n'est pas le pétrole proprement dit, mais
une essence de pétrole, la gazoline, à peu près in-
trouvable hors des très grandes villes, et l'on ne
voyage pas toujours dans les très grandes villes !
Peut-être encore, qu'à l'arrêt de la voiture, le mo-
teur continue à fonctionner à vide avec un assez
fort ébranlement de tout l'appareil !
Enfin on objectera encore l'odeur de pétrole qui
s'exhale constamment de la voiture et qui est réelle-
ment fort désagréable. Mais ces inconvénients ne
sont pas tels qu'ils constituent, loin de là un vice
rédhibitoire. Aussi est-il probable que le nouveau
véhicule aura de nombreuses applications ; la
preuve même en est dans lés concurrences qui se
font déjà jour, car d'autres systèmes analogues ont
été récemment décrits par les journaux spéciaux.
Et le bouquin de se terminer par ces quelque phrases :
Code:
- En notre siècle de vapeur et d'électricité, le rôle
de la science doit se porter sur les moyens les plus
pratiques et les plus économiques de diminuer les
efforts physiques et de restreindre la fatigue corpo-
relle; c'est pourquoi j'ai porté mes études sur la
possibilité de rendre la locomotion sur route encore
plus agréable et moins pénible, sans lui faire perdre
de son chemin ni de son agrément. Les applications
de l'électricité à la vélocipédie débutent à peine :
un champ vaste et non encore exploré s'ouvre de-
vant elles, et il est à espérer qu'avant peu nous
assisterons à cette nouvelle conquête scientifique :
Le cyclisme électrique !
L’électricité c'est l'avenir du transport depuis plus d'un siècle ;-) On va bien finir par y arriver, cela dit.