Écrit l'an dernier, mais toujours d'actualité sur le fond :
Super-Dupont est-il mort ?
C’était à la lecture du premier article paru dans notre grande presse nationale et néanmoins prétenduement motarde, à propos de la sortie de la nouvelle Voxan, la VX-10. Là, j’ai tiqué. Avant même de commencer à parler de la moto, mon éminent collègue commence par sortir le parapluie, se couvrir, se défendre de tout cocardisme déplacé, comme s’il devait commencer par s’excuser de devoir présenter une production Française !!! Bin voyons. Quel drôle de ton donné à cet article, cette façon d’écrire, ce style rabat joie. La trouille de passer pour chauvin ? Parce c’est de rigueur. Cette manie systématique de contourner le sujet avec un air de circonspection et de circonstance. C’est quoi cette moue bégueule, cette façon de dire c’est pas trop mal mais... c’est Français ! Hé mec, ça t’emmerderait de dire que tu t’es amusé, que t’a pris ton pied, que tu t’en aies mis plein la quiche aux frais de la princesse ? Faut croire que oui. D’accord, l’engin présente quelques imperfections, mais de là à lui tirer simultanément un boulet et une tronche d’enterrement de première classe, avant même de lui avoir laissé le temps de vivre, avant même de l’avoir enfourchée, c’est un peu raide, non ?
J’étais à deux doigts d’appeler Super-Dupont à la rescousse. Vous vous souvenez certainement de ce héros ultra-franchouillard inventé par Gotlib au siècle dernier ? Fervent défenseur du camembert, du vin rouge et de la baguette, des charentaises et du béret. Surréaliste, le personnage, j’en conviens. Mais je ne peux pas m’empêcher de me demander pourquoi ça coince tant. Une manie Franco-française, bien ancrée dans notre patrimoine génétique, consiste à dénigrer quasi-systématiquement ce que l’on fait cheux nous. De l’auto flagellation. Comme si la moindre approbation d’un Made in France relevait d’un Pétainisme diabolique. Et je ne parle même pas de soutien.
Étrange. Je ne crois pas qu’aucun autre peuple ne joue autant à se noircir le portrait. Les Anglais sont ravis de pouvoir rouler de nouveau en Triumph, et prochainement en Norton, probablement. Les Allemands enchantés par le chemin parcouru par BMW lors des soixante dernières années, les Italiens se mobilisent et manifestent en masse pour que Piaggio maintienne la production des Guzzi à Mandelo, lieu historique de la marque. Tous d’affreux chauvins, alors ? Bin, non, pas spécialement. Parce que ça n’empêche nullement tous ces gens-là de rouler sur d’autres choses que la production locale quand ça leur chante, et de considérer tout ça sur un grand pied d’égalité quand il s’agit de passer tout le monde sur la balance d’un comparo. Et en plus, ils parviennent parfois à rester objectifs. C’est fou, non ? Et puis, il y a les Américains. Ah, les Zaméricains, c’est les meilleurs pour tout... C’est bien connu, ils ne roulent qu’en Harley, un Bandana à la place du casque, la main droite sur le coeur, la main gauche battant la mesure en chantant plein gaz leur hymne national favori. Mais comment font-ils pour tenir leur guidon ? Cherche pas, c’est Dieu et la Patrie qui les guident, pardi. Un excès patriotique induit par des décennies protectionnistes, approximativement l’excès strictement inverse du nôtre. Pas forcément l’exemple que l’on aimerait suivre non plus.
Un empilement de stéréotypes, tout ça ? Ouais, faut voir. Toute médisance a généralement une source bien ancrée dans le réel. Mais je persiste pourtant à ne pas comprendre le pourquoi de cet acharnement tricolore à se tirer une balle dans le pied sitôt qu’une cartouche se présente. C’est qu’on doit être sacrément fautif pour s’en vouloir autant. Oui, mais de quoi ?
Dédé l’embrouille
_________________ Mon père avait son pote André qui bossait à GdF. "C'est Dédé, du Gaz" qu'il disait. Pourtant, faisait pas de moto, ce gars là...
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